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CANCERBOOK mon parcours de la découverte à la fin du protocole
2 janvier 2017

SUITE DU 3ème chapitre

 LE PROTOCOLE DE SOINS - RADIOTHERAPIE DE CHOC

Personne ne peut se douter de mes angoisses, de mes questions existentielles ! Vais-je vivre ou mourir, que me réserve cet avenir si proche et si lointain en même temps ? Est-ce que ce cancer se trouve complètement annihilé ou bien reste-t-il des métastases intempestives et infiltrant mes cellules saines ? Les ganglions étaient sains mais, malgré cela, qu’en est-il du reste ? Je me pose tant de questions que j’en ai le tournis. Dans la journée cela peut aller mais, dès que je suis dans mon lit, que je tente de m’endormir, le doute m’assaille. J’angoisse terriblement et à qui me confier ? Je n’ai que ma cousine C. qui peut comprendre mon problème mais elle est à 900 kilomètres et par le Net comment s’exprimer autrement que par des banalités…

On a beau me dire et me répéter qu’une femme sur trois s’est déjà trouvée ou se trouve actuellement dans mon cas, qu’est-ce que cela peut bien me faire ? Pour le moment, égoïstement, il s’agit de mon cas et uniquement du mien, les autres je m’en fiche totalement… Mais oui elles ont guéri, donc je devrai guérir aussi et patati et patata… ok !

Lâchez moi la grappe s’il vous plait, mon cas c’est mon cas et aucun cancer n’est le même et aucune femme ne réagit de la même manière devant l’Eternel. Par moment, ma peur est si intense que j’en ai des bouffées de délire, enfin il me le semble car, parfois, Ch. me regarde d’une manière bizarre après avoir émis, sans que je ne m’en rende compte, une phrase, un mot, une idée… Qu’ai-je dit de si incongru ?

-         Tu vas bien ? Par moment tu me fais peur !

-         Ah bon….

Est-ce que mon cerveau est atteint ? C’est grave docteur ? Suis-je en train de devenir maboule ou bien ai-je toute ma tête ? Je ne le sais trop mais cette attente me ronge et je n’ai qu’une hâte : être au rendez-vous ce vendredi à venir pour savoir à quelle sauce je vais être marinée…

-         Bonjour madame asseyez-vous, bonjour cher monsieur …

-         Alors docteur, où en est-on ?

-         Bon cela se présente assez bien – je retiens le « assez bien » pas de catastrophe mais, le « assez » est de trop… -  il reprend : On vous a enlevé la tumeur et les ganglions étaient sains, c’est une bonne chose et donc, pas de chimio !

Rêve-je  ou bien a-t-il dit « pas de chimio » ? Cela fait un drôle de tour dans mon crâne cette phrase et j’en sauterai presque de joie ! Pas de chimio, pas de chimio….

-         Non vous n’aurez que vingt-cinq séances de radiothérapie et je vais vous envoyer à O. chez le docteur R. qui vous suivra désormais ! C’est un oncologue et vous serez entre de bonnes mains… L’analyse de la tumeur n’a pas révélé de catastrophe éminente, vous êtes en phase « 2 » mais cela reste correct…  - Je ne sais pas ce qu’est la phase « 2 » mais s’il dit que tout va bien, alors je veux bien le croire… C’est lui qui vous prescrira également l’Hormonothérapie, à l’issue des rayons et que vous devrez prendre pendant cinq ans avec un suivi régulier tous les six mois au début, puis tous les ans pendant ces cinq années de traitement…

Bon je ne suis pas encore sortie de l’auberge dirait-on !

L’hormonothérapie, je le sais, il m’en avait déjà avertie mais je suis comblée de n’avoir pas à subir cette chimio invasive que tout malade du cancer redoute tant ! Donc pas de chute de cheveux, pas d’effets secondaires méchants et, pour la radiothérapie, je sais que c’est indolore et que seules quelques brulures peuvent survenir mais que cela se soigne très bien. C. a eu également ce genre de traitement et s’en est bien tirée. Pourquoi pas moi. Il me confie donc le numéro du Centre de Radiothérapie Oncologie et Cancérologie d’O., où je dois prendre rendez-vous rapidement mais, entre-temps, il me prescrit une ostéodensymétrie afin de voir si mes os sont suffisamment résistants car la radiothérapie a tendance à les brutaliser.

J’ai déjà eu, il y a trois ans, cet examen et je sais comment il se passe. Je dois prendre rendez-vous à M.L.J. pour le faire. Bien, me voilà lancée sur le chemin de l’amélioration de mon état ne dirait-on point ? Ch. aussi a accueilli avec soulagement le fait que je n’ai pas à subir cette méchante chimio… Il faudra, cependant, que j’aille tous les jours et ce pendant cinq longues semaines me faire traiter par ces rayons… Je les commencerai fin mars, ce qui m’emmènera quasiment fin avril début mai… Pourvu que tout soit fini pour le 8 mai je n’en demande pas plus car, ce 8 mai nous partons en Alsace et il n’est absolument pas question que je loupe ce rendez-vous avec ma région quasi natale…

Je rassure, au passage, par téléphone, ma sœur qui, en ce début de mai, va fêter son 50ème anniversaire de mariage auquel nous sommes invités à participer. Elle avait tellement peur que je sois sous traitement chimio et ne puisse venir, qu’elle en saute de joie au bout du fil… Cela fait plaisir à entendre

En fait de commencer fin mars, ce ne fut, que courant avril que les choses se précisèrent… J’allais entrer dans ce que l’on nomme le « protocole de soins ». À nouveau le tourbillon de rendez-vous commençait. Tout d’abord, rendez-vous avec ce fameux docteur cancérologue radiothérapeute qui sera à même de me suivre au moins pendant les cinq années à venir, et surtout m’octroyer l’hormonothérapie qui suivra la radiothérapie, comme si cela était une récompense. Je prends donc rendez-vous au C.R.O.M d’O., seul endroit susceptible de me suivre dans notre région et j’obtiens ce sésame assez rapidement.

Ce médecin J.Ch; R. fait figure d’un homme très courtois, un peu trop peut-être car, derrière cette façade un tantinet obséquieuse, se cache un redoutable homme de sciences qui, de suite, me met à l’aise et m’explique tout ce qui va se passer. Je ne reviendrai pas sur les détails techniques de la maladie car les termes sont par trop compliqués pour bien les assimiler. Je verrai donc au fur et à mesure. Toujours est-il qu’il me refixe un rendez-vous pour « centrage » sous scanner dans les jours à venir. À savoir que l’on va faire de savants calculs sur ma poitrine pour déterminer le, ou les endroits, à irradier et tuer ainsi les vilaines cellules malades, sans toucher les saines, bien entendu. Ben tiens !

Le jour « J » arrive et nous nous rendons donc à nouveau au C.R.O.Mpour ce fameux « centrage ». Je suis accueillie avec bienveillance par une manipulatrice sympathique toute en rondeur et blondeur. Elle me fait m’allonger sur une espèce de table basse en fer recouverte d’un unique papier protecteur blanc, me colle un petit oreiller sous la tête et, afin de me faciliter la position, glisse sous mes genoux une cale protectrice qui me permet de les maintenir à mi-hauteur. Elle me positionne sur la poitrine divers petits repères puis, à la suite du scanner qui se déroule le mieux du monde en présence du cancérologue bien sûr, elle me flanque, en plein milieu des seins, une énorme croix à l’encre rouge que je suis sensée conserver jusqu’aux premiers rayons qui se feront sous une huitaine de jours… Puis la séance étant finie, je me rhabille, regagne la salle d’attente où Ch. ronge son frein et voilà c’est déjà fini. Mais il s’est quand même déroulé plus d’une heure depuis que je suis entrée dans la salle d’examens…

Elle me remet cependant une carte pré-remplie qui me servira de calendrier pour le future traitement ainsi qu’un document pour le taxi qui m’amènera chaque jour de soins depuis H. jusqu’à O. Et ainsi va… guérison au bout !

Huit à dix jours plus tard, je fais connaissance de mon chauffeur de taxi car je l’ai recruté entre-temps et comme, nous avons déménagé le 27 mars de J. pour ce village d’H., c’est là qu’il viendra me cueillir pour la première fois ! Il est sympa et reconnait, à travers mon patronyme, celui de Ch. « le photographe de M. » qui a fait son mariage quelques trente-cinq ans plus tôt – mais depuis il a divorcé - … et voilà, à nouveau, l’un de ceux qui furent autrefois les clients de mon homme. Nous bavardons de choses et d’autres et enfin nous arrivons à O. pour ma toute première séance.

En fait, ce ne sera point encore ce jour-là que je recevrai ma première dose de rayons.

Non point… C’eut été trop simple… En effet, en ce premier jour on prend encore des mesures… Eh oui encore une fois, comme si l’énorme signe rouge que j’arbore fièrement au centre de ma poitrine ne suffisait pas pour cibler la dose du rayon vert qui se balade au-dessus de ma tête sans que je sache d’où il émerge. Tout ce que je vois, c’est que l’on me fait me coucher sur une nouvelle table de fer dont les aspérités me rentrent dans le dos et que je suis mise dans exactement la même position que sous le scanner.

-         On vous fait une radio aujourd’hui madame…, les soins ne commenceront que demain ! Il vous faudra toujours avoir cette position sur la table car les mesures que nous prenons, aujourd’hui, resteront les mêmes pour toute la série du traitement. Donc ne bougez sous aucun prétexte, tourner la tête vers la gauche, bien vos bras en arrière sur les accoudoirs et nous allons commencer. C’est parti !

Qu’est-ce qui est parti ?

La manipulatrice et sa collègue, me zieutent toutes deux comme si j’étais une bête curieuse, la plus jeune suit tous les mouvements de sa compagne, sans doute apprend-elle le métier... L’appareil au-dessus de moi me sonde toute la poitrine et je n’en mène pas large car elles m’ont dit qu’elles allaient me tatouer ! Si je me souviens bien le tatouage cela fait assez mal… Vais-je avoir une marque indélébile de ce qui sera désormais le repère sur lequel elles se baseront pour les soins ?

Ben oui ! Mais bon, mes craintes s’évanouissent très vite, le petit point de tatouage que l’une d’elles me fait, avec une toute petite aiguille imbibée d’encre et ce après la radio prise, ne fait pas plus mal qu’une petite piqûre d’insecte… et même moins ! Désormais je porte, irrémédiablement, la marque indélébile, et à tout jamais, de ce traitement contre mon cancer. Voilà, c’est déjà terminé. À peine dix minutes se sont-elles écoulées depuis mon entrée en cabine et mon passage dans la salle de « Primus » où je recevrai dorénavant mes soins tous les jours. Rendez-vous est pris pour le lendemain mais lorsque je constate les horaires que l’on m’a appliqués, à mon insu,  je suis effarée, il est indiqué pour demain et après-demain :

19 H 30 !

Bien obligée d’obtempérer car, j’apprends, incidemment, qu’en ce moment elles changent de logiciel et bientôt de machine et qu’elles sont dans l’obligation de répartir les soins de 7 heures du matin à 22 heures le soir… Je suis donc dans un créneau, certes tard, mais mieux tout de même que 22 heures… qu’elles réservent à des patients habitant tout près de là. J’ai quand même 25 kilomètres de transport pour venir à O. et elles en ont tenu compte. Bref il n’y a plus qu’à se laisser soigner. J’en avertis bien sûr mon chauffeur et je dois – de plus – appeler son « chef » pour le mettre au courant de mon calendrier afin qu’il puisse répartir ses courses en fonction. Ce que je fais dans le taxi sur la route du retour et tout se passe bien.

Et voilà, c’est parti pour au minimum 25 séances qui se répartiront sur 5 semaines depuis la mi-avril jusqu’à environ début mai. Si j’ai bien calculé, je devrais avoir terminé celles-ci juste avant notre départ pour l’Alsace le 8 mai… un vendredi férié et veille de l’assemblée générale que j’ai organisé pour notre association familiale car, je n’ai arrêté aucune de mes occupations et pas même la rédaction des « Mémoires de Ninon de Lenclos » que j’ai présenté à mon éditeur et qu’il a accepté de publier. J’ai d’ailleurs signé le contrat d’édition, il y a quelques jours à peine ; le livre devrait sortir fin mai pour que je puisse le présenter le week-end du 6 juin à V. J’ai d’ailleurs obtenu la Préface du conservateur lui-même, monsieur L. et quelle préface : une merveille ! En outre, du 14 au 18 mai, ce sera la nouba chez ma sœur et mon beau-frère pour leurs noces d’or. Je ne peux manquer cela sous aucun prétexte.

C’était cependant sans compter les jours fériés de ce sacro-saint mois d’avril et mai à venir : Lundi de Pâques, premier mai, huit mai, lundi de Pentecôte etc… sans compter l’Ascension…. Toutes ces journées de fêtes religieuses sont à récupérer au C.R.O.M. pour la totalité de mes jours de soins. Ce seront donc des journées qui se rajouteront à la fin – enfin de ce je crois être la fin – du traitement.

Les jours passent donc, inexorablement, entre soins, ménage, lavage pour six, repassage pour six, cuisine pour six, et ceci tous les jours que Dieu fait. Enfin le 8 mai arrive mais, je ne suis pas encore au bout de mes soins, il m’en restera quatre ou plus à terminer au retour de notre séjour Alsacien… La barbe !

Lorsque nous arrivons en Alsace, notre première visite est pour ma sœur qui attend de me voir de visu avec impatience se demandant bien quelle mine je traîne, et bien la voilà rassurée il parait que j’ai bonne tête… Alors que j’accuse la fatigue du voyage bien sûr mais aussi du traitement de choc que je viens de subir pendant un peu plus d’un mois. On me traite cependant avec déférence, comme une grande malade que je suis, aux petits soins ne dirait-on point la frangine ? Je lui montre ma cicatrice et elle n’en revient pas de la longueur de celle-ci mais elle la trouve clean et en bonne voie. Elle a raison, ma cicatrice bien qu’un peu rougie par les rayons commence à bien se résorber ainsi que celle de l’enlèvement des ganglions axillaires.

à suivre ...

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Commentaires
CANCERBOOK mon parcours de la découverte à la fin du protocole
  • Ceci représente mon parcours de protocole de soins à la suite de la découverte de mon cancer du sein en octobre 2014, afin de donner confiance à celles à qui cela arrive ou arrivera puisque nous sommes 8 sur 10 à en être atteintes.
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